The Ghost Writer

 

Un film de / A movie by Roman Polanski

 

D’après le roman de / From the novel of Robert Harris, “The Ghost”

 

Avec / With Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Catrall, Olivia Williams, Tom Wilkinson…

 

Alors que les déboires judiciaires de Roman Polanski ne semblent pas prendre fin, sort enfin sur les écrans la nouvelle oeuvre du cinéaste, adaptée du roman The Ghost de Robert Harris.

 

Après le magnifique Le Pianiste et l’adaptation d’Oliver Twist, Polanski nous rappelle qu’il est également le réalisateur de Rosemary’s Baby, Frantic ou encore de La Jeune Fille et la Mort.

 

The Ghost Writer évoque la rencontre d’un nègre avec un ex-premier ministre britannique, pour lui écrire ses mémoires inachevées, avec en toile de fond la guerre contre le terrorisme et d’éventuels comportements douteux du dit ex-ministre.

 

L’image du ministre semble écornée par des scandales sur ses prises de position et des accusations tenaces.

 

Sur cette île au large des côtes américaines, dans une villa somptueuse en bord de mer, se joue le récit d’une vie, de ses zones d’ombres et de mystère, de ses fausses pistes et de ses raccourcis parfois trop faciles. Le regard du « ghost writer » va très vite devenir curieux du mal qui se cache derrière une vie d’homme d’état.

 

Polanski sait jouer avec les nerfs du public, c’est indéniable, et il réussit à créer ici une atmosphère tendue, nous emportant dans son récit, face aux éléments déchaînés, où s’opposent d’un côté la puissance de la nature et de l’autre les faiblesses de l’homme.

 

Constamment sous pression, son personnage principal, le « ghost writer », est à la fois fasciné et troublé par ce qu’il découvre, sentant un étau se resserrer autour de lui, sans possibilité de s’échapper.

 

L’interprétation impeccable d’Ewan McGregor, face à Pierce Brosnan, Kim Catrall et Olivia Williams, apporte beaucoup à la réussite du film. Le comédien réussit à faire évoluer son personnage, un peu perdu dans ce milieu qu’il ne connaît pas, dont il ne maîtrise pas les codes, naviguant avec incertitude entre les dires des uns et des autres, fasciné par cette cour qui suit le ministre.

Il ne faut pas oublier non plus le tête à tête avec Tom Wilkinson, éblouissant comme à son habitude.

 

Devant ses yeux se joue aussi une lutte intestine entre l’assistante du ministre et sa femme, une guerre qui ne semble pas datée d’hier, un duel entre deux femmes bien différentes et oeuvrant chacune dans l’ombre de l’homme publique.

 

Roman Polanski s’appuie sur les décors brillamment choisis, de l’île à la villa exceptionnelle mais vide de toute « âme », du terminal du ferry aux bois sur le continent. Il piège son personnage principal dans un dédale de faux-semblants, l’exposant tel un mouton donné en pâture à des loups expérimentés qui le manipulent pour obtenir des informations confidentielles.

 

Le cinéaste nous livre l’un de ses meilleurs films, lorgnant vers un cinéma ici hitchcokien à souhait, rappelant dans une certaine mesure La Mort aux Trousses (North by Northwest) ou Vertigo, en projetant un personnage commun dans un univers hors du commun où il doit dépasser sa condition, s’adapter à cet univers et essayer d’y survivre.

 

Sans conteste l’un des meilleurs films de 2010, une grande réussite pour Polanski, qui fut justement récompensé de l’Ours d’argent au dernier festival international du film de Berlin.

 

Incontournable !

 

Arnaud Meunier

10/03/2010

 

 

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